« Pneu Secours » par Edwige-Renée DRO
Mon cher amant,
Je ne sais pas pourquoi tu t’agites ainsi. Depuis une semaine, tu ne fais que me bombarder avec les SMS, les messages Whatsapp, les messages Facebook, les emails, les appels. Hey, technologie est bien !
Tu me dis que je ne mérite pas ton amour, que je ne suis pas la respectueuse fille que tu pensais que j’étais. Oh, quel dommage ! Tu me dis que je n’ai même pas la décence de répondre à tes messages, ou de te rappeler. Ahi ! Mais c’est pas toi qui m’as dit de ne pas t’envoyer des messages au cas où c’était mal interprété ? Ou de ne pas t’appeler parce que tu ne voulais pas que ta femme sache à propos de nous ? Donc c’est quoi avec cette avalanche de messages apitoyants au soupçon machisme ?
Dans chacun de tes messages, tu me parles de ces choses que tu as achetées pour moi. Les prêt-à-porter venus tout droit de l’Europe et non ceux qui sont vendus moins chers dans les rues d’Abidjan. Tu me parles des téléphones que tu as achetés pour moi. L’ordinateur que tu as acheté pour moi. Les week-ends à Grand-Bassam et à Assinie. L’argent dépensé dans les restaurants. L’argent de poche. Et le gros lot : le salon de beauté que tu m’as offert. Et puis ? Dois-je me mettre à genou et lécher tes chaussures ?
Tu me dis que je n’étais rien quand tu me rencontrais. Que j’étais une pauvre fille. Que tu m’as enlevé de mon quartier précaire et que tu m’as lavée.
« L’eau lave mais c’est l’argent qui rend propre et je suis celui qui t’a rendue propre, » tu me dis.
Tu me dis que sans toi, je serai toujours dans mon trou à sortir avec « des hommes sans conséquence qui pensent qu’ils t’ont donné une fortune parce qu’ils t’ont donné un pauvre 5000f ! »
Tu me dis que le jour où je t’ai traité comme un indésirable, au seuil de ton studio –
« Oui, mon studio, parce que c’est moi qui paye les factures. »
Tu sais quoi ? J’adore tes SMS. Ces parenthèses que tu ouvres pour apporter une précision. Je lis tes messages et je pense, hey, papier-longueur est doux dèh. Qui met parenthèses, points-virgules, deux points dans SMS ?
Tu me dis que ce jour-là, tu étais venu pour me donner 100 000f. Oh ! Dommage que je n’ai pas laissé l’argent m’hypnotiser et que je ne me sois pas couchée pour que tu me marches dessus comme tu l’as toujours fait. Parce que me marcher dessus, tu en as fait un peu quand même hein ! Bien sûr, je parle figurativement. C’est pourquoi tu ne t’en es jamais rendu compte. C’est pour cela que mon opinion t’importait peu. Tu voulais que je sois la femme qu’on voyait mais qu’on n’entendait pas à moins qu’elle ne soit en train de gémir sous toi, donnant une performance qui aurait rendu Akissi Delta fière. Je suis en fait arrivée à la conclusion que j’ai obtenu une maîtrise en Tricherie d’Orgasmes à ton université. C’est à ça qu’équivaut quatre ans d’études universitaires après le Bac, non ? Mais je n’aurai pas le Doctorat dans cette connerie, j’ai décidé.
Tu aimais toute cette tricherie hein ? Le vagin qui se contractait rythmiquement autour de ta queue. Mon corps qui tremblait. Les gémissements. Vraiment !!! Tu pensais vraiment que ta participation qui consistait à pousser ma tête sans mot dire vers ta queue avant de monter sur moi dès que tu bandais allait me faire voir toutes les étoiles que je prétendais voir ? Hey ! Je sais que tu as confiance en toi, mais hey ! Bébé, ça s’appelle faire l’amour pour une raison. Pourquoi penses-tu que je ne me plaignais jamais trop quand, après cette « performance » rapide – et j’appelle ça ainsi parce que comme tu le sais, je n’ai pas le vocabulaire considérable que ton papier-longueur t’a donné. Mais pourquoi penses-tu que je te laissais toujours partir sans trop insister que tu restes ? Oh oui, parce que je suis compréhensive. Hum, les hommes de ta trempe croiront tout. Non, mon cher, laisses-moi te dire. Dès que tu rentrais dans ce couloir qui menait aux escaliers, je filais dans ce lit pour me masturber.
Je ne sais pas où tu as été toute cette semaine pour soudainement avoir le temps de m’envoyer autant de SMS. Oh, et tu penses que je n’aurai pas d’autre choix que de te répondre si tu descends dans la vulgarité ?
« D’accord ! Si c’est comme ça tu veux être. Mais tu vas courir derrière moi à Abidjan ici. Ne pense pas que je vais te donner mon temps. Je t’ai déjà baisé donc je n’ai plus besoin de toi. »
Hey ? Parce que moi je ne t’ai pas baisé ? Littéralement, je l’ai fait. Ou bien, je ne suis pas monté sur toi ? En fait même, si on veut voir ça comme ça, je t’ai baisé plus que tu ne m’as baisée. Et si c’est figurativement aussi, bon !
Je ne sais pas en effet ce qui te fait si mal. Que toi, Monsieur le grand chef avec tellement de diplômes à ton nom qu’on avait besoin de prendre de l’air en cours avant de continuer, ait pu être doublé par une fille avec seulement un Baccalauréat à son nom. Mais voilà ! Ou bien tu as si mal parce que tu m’aimes. Il n’y a aucune honte à admettre que cela pourrait être le cas. Tu ne peux pas rester avec quelqu’un pendant quatre ans sans avoir aucun sentiment pour la personne.
Je n’ai pas honte de l’admettre. Après un moment. Mon cœur se brisait chaque fois que tu partais. Oui, malgré ta manière décevante de faire l’amour. Une fois, j’ai lu les SMS entre toi et elle. Tu te souviens de cette fois où tu as laissé ton portable chez moi ? C’est ce jour-là que je l’ai fait. Parce que ça m’a intriguée, de voir comment tes yeux brillaient et comment ton rire était sincère les quelques rares fois tu as parlé avec elle en ma présence.
J’ai transféré ta carte SIM dans mon portable – tu penses que verrouiller ton téléphone avec un code PIN est le sommet de la haute sécurité technologique ? Mon cœur a saigné quand j’ai lu les échanges taquins entre vous, les flirts, les SMS coquins, les déclarations passionnées d’amour. Mais je t’aimais, malgré tout, jusqu’à ce que, petit à petit, tes petits propos humiliants commencent à laisser leurs traces.
« Tu es bête ! C’est pas pour rien que tu n’es pas allée loin à l’école, » tu me disais quand je ne maîtrisais pas des détails sur quelque chose. Et quelle bonne chose ? Politique de Côte d’Ivoire !
Tu penses que tes ADO, Bédié, Gbagbo et tout ce groupe-là m’intéressaient autant que ça? Tu penses que j’étais intéressée de savoir ce qu’était le libéralisme et ce qu’était le socialisme ? Tout ce qui m’intéressait était d’avoir la paix dans mon pays qui permettrait aux grandes dames d’Abidjan de continuer à venir dans mon salon pour leurs manucures, pédicures, soins de visage, massages, épilations à la cire, maquillage ; tout le reste, je n’en avais cure. C’est vous, les soi-disant intellectuels qui avez envoyé la guerre dans ce pays avec vos socialisme, libéralisme, pacte colonial, conditions d’éligibilité, Ivoirité … Et quand vous avez mis le feu, vous avez foutu le camp au Ghana et à Dakar pendant que vos enfants partaient à Paris chez les mêmes Blancs que vous avez traités de tous les noms ici. Et nous autres étions obligés de rester dans l’enfer que vous avez créé et voir nos pères – mon père ! – être abattus. C’est pourquoi j’ai dû arrêter l’école, très cher, et pas parce que j’étais bête. Ou bien c’est parce que je n’aime pas m’apitoyer sur mon sort ?
Je crois que tu as déjà dû te rendre compte du fait que je ne suis pas aussi bête que tu le penses. Et si j’étais bête, qu’en est-il pour toi alors ? C’est toi qui as pu être convaincu par une fellation de mettre mon nom sur les papiers du salon.
Peut-être que tu t’es enfoncé dans cette vue que j’étais bête parce que tu n’es jamais venu au salon. Je suis en effet heureuse que tu n’y sois jamais venu, parce que j’aurai détesté que mes employés te voient te comporter comme le Monsieur à qui appartenait le salon.
Tu dis que je me suis accrochée à toi parce que je t’ai vu comme la vache laitière proverbiale. Ah oui ? Et si c’était le cas ? Peut-être que tu pensais que j’étais une de ces filles influençables qui penserait que tous ses Noëls étaient arrivés au même moment parce qu’on l’envoyait manger dans tous les grands restaurants du Plateau. Ne pense pas que tu es Dieu sur la terre hein. Ces restaurants, je savais que j’allais y manger. D’accord, je ne savais pas que ce serait à l’âge de 25 ans. Mais ne pense pas qu’avant toi, je n’avais jamais eu la « chance » de quitter Yopougon pour aller au Plateau, ou à Cocody.
Je ne t’apprends rien quand je te dis que si tu as besoin d’un document administratif ici à Abidjan, pour ne pas dire la Côte d’Ivoire, Le Plateau figurera dans ton itinéraire. Et j’ai des amis qui sont allés à l’université donc je les accompagnais quelquefois à Cocody pour leurs inscriptions. J’ai tout simplement choisi de ne pas aller à l’université, ou bien dans une des nombreuses écoles qui poussent à Abidjan à perdre mon temps à faire un BTS sans aucune garantie d’un boulot à la fin. Je n’avais pas l’argent non plus, et puis Abidjan est dur comme caillou donc je n’allais pas perdre mon temps sur des illusions. En effet même, mes amis avec qui j’ai passé le Bac, malgré leurs Bac + 2, + 3, + 4, sont à la recherche de travail ; n’importe quel travail ! Je voulais un salon ; c’est pour cela que je suis allée apprendre l’esthétisme. Mais tu ne m’as jamais posé de questions sur ces choses. Tu as tout simplement décidé de transposer sur moi tes idées tordues. Tu pensais que j’étais comme tous les autres jeunes Ivoiriens, désespérés de travailler dans un bureau, même si dans ce bureau, ils feraient un travail qui les ennuierait à mort. Tu pensais que ma plus grande ambition dans la vie était de dire, « Je suis une assistante de direction », une secrétaire. C’est pourquoi tu m’as dit que tu avais une connaissance qui avait un poste de secrétaire à pourvoir. Tu penses que je ne savais pas que c’était baga-baga ? Me dire quelque chose comme cela et je penserais que mon sauveur était arrivé et je n’aurai aucun choix donc que d’être ton petit jouet ; coucher avec toi parce qu’une offre d’emploi balançait à l’hameçon. Ou bien tu penses que comme quelquefois je te demandais à propos du travail, dont tu me faisais toujours la promesse d’en parler à ton ami mais que je suis sûre tu ne lui en parlais pas, tu pensais que j’étais désespérée ? De la même manière que tu m’as vue venir, c’est de cette même manière que je t’ai vu venir. Je savais que si je prenais mon temps, j’allais gagner. Et j’ai gagné hein.
Pourquoi penses-tu que je ne voulais pas que tu me loues un studio dès que nous avons commencé à sortir ensemble ? Tu penses qu’à 25 ans, j’étais heureuse de partager un appartement de location de trois pièces avec ma mère, mes deux jeunes frères et ma petite sœur ? Tu penses que je me sentais bien quand les quelques rares fois où je demandais un 1000f ou bien un 2000f à ma mère, sa réponse était, « Tes copains là, ils te donnent quoi ? Ou bien tu couches avec eux pour rien ? » Comme si je lui avais présenté un seul copain pour qu’elle les multiplie !
Ou bien tu penses que je me sentais à l’aise quand ma mère me regardait avec pitié, pensant que j’étais faible parce que mes prétendus copains n’étaient pas fichus de montrer leurs visages à la maison et ne soutenaient même pas la famille, contrairement au copain de ma sœur qui glissait quelquefois un petit 5000f à ma mère ? Ou bien remettait un 5kgs de riz à ma sœur pour envoyer à la maison ? Oui, parce que Maman s’en fichait pas mal qu’ils viennent montrer leurs visages à la maison ; c’était ce qu’ils apportaient avec eux quand ils venaient.
Donc je ne vais pas mentir. Ce fut comme une bouffée d’oxygène quand tu garas ta voiture à ce feu et tu sortis cette phrase qui a été faite à mort par tous les hommes en Côte d’Ivoire.
« Mademoiselle, vous êtes charmante. »
Quand tu m’as demandé si je pouvais partager un verre avec toi, bien sûr, j’ai dit oui. Quand tu as dit à la dame de faire un poulet braisé, j’ai commencé à saliver. Poulet n’était pas quelque chose qu’on mangeait tout le temps chez moi et quand on en mangeait, c’était un miracle d’avoir un bon morceau, et là, j’étais sur le point de manger autant de morceaux que je le désirais. J’ai souri quand après avoir passé la commande, tu m’as demandé si je voulais en effet qu’il soit braisé. Peut-être que tu as pensé que mon sourire cachait une certaine timidité. Ha ! Ça m’était bien égal si le poulet était braisé, étouffé, coupé en morceau ou de n’importe quelle autre manière ça se fait ici à Abidjan. Je mangerai du poulet !
Je n’avais pas en effet pensé que j’allais gagner le gros lot avec toi. Oui, tu ressemblais à un homme de conséquence mais un homme qui baise dehors est un homme qui baise dehors, homme de conséquence ou homme sans conséquence. Je pensais qu’on allait passer le temps à manger dans les maquis ; tu me donnerais un 5000 ici, un 10000 par-là, mais rien au-delà de ça.
Et puis tu as commencé à parler e me louer un studio, à Cocody ou à la Riviera – certainement pas à Yopougon parce que c’était trop loin de chez toi – et je me suis dit, « Ma fille, tu as eu ton gaou ! »
Aussi surpris que tu puisses l’être, j’avais commencé à tomber amoureuse de toi. Oui, je sais. Surprenant hein ! J’avais commencé à voir que derrière ton langage crasseux, tes attouchements fréquents comme si j’étais ta propriété privée – et au cas où c’est ce que tu es en train de penser, sors ça de ta tête maintenant ! Mais oui, malgré ton manque de finesse, je savais que j’avais eu le meilleur du lot. Mais je ne pouvais pas laisser l’amour m’aveugler. Toi-même, tu sais, ce n’est pas l’amour on mange. Et même si on mangeait l’amour, je n’allais pas partager ce pain-là avec toi. Tu n’allais jamais faire de moi ta Madame, donc pourquoi j’allais entreprendre des sacrifices inutiles ?
Tout ce que je pouvais espérer avec toi serait que je déménagerai du studio à une villa, devenir une grande dame à Abidjan ici, avoir un enfant de toi, mais et puis après ? C’est ce qui t’aurait arrangé, mais qui t’a dit que je suis venue sur cette terre pour me contenter des miettes ? Parce que c’est là-bas que les choses partaient, n’est-ce-pas ? Ce que je voulais n’allait même pas compter.
Tu m’en as donné un petit aperçu quand je t’ai parlé de mon travail et tu m’as dit de laisser tomber le travail.
« C’est quel bon travail tu fais même ? Je vais te donner 50 000 chaque mois et puis je vais assurer le loyer et les factures. »
Une autre fille aurait sauté sur l’offre. Le genre de filles que tu voulais que je sois et le genre de filles que tu pensais que j’étais aurait mordu tes doigts. Mais, souviens-toi ! La patience … Je savais que je te tenais par les couilles. Tu ne voulais pas venir chez moi. Bien sûr, tu ne me l’as jamais vraiment dit. Tu es un homme intelligent, mais les oiseaux du même plumage volent ensemble, donc je t’ai compris. Dans tous les cas, chéri de mon cœur, je ne voulais pas que tu viennes chez moi. Tu ne présentes pas n’importe qui à ta famille, aussi non officielle que la présentation soit. Est-ce-que j’allais aller loin avec toi ? Donc laisse-moi te donner une petite dose de réalité
Tu pensais que je te posais les questions du genre, « C’est quand tu vas venir chez moi ? » parce que je voulais m’enfoncer plus avec toi et donc tu as décidé de me baga-baga avec cette phrase fatiguée, « On a tout le temps pour les choses comme ça, tu ne trouves pas ? »
Hahahaha ! Laisse-moi rire, mon cher. Je n’avais aucun désir de m’enfoncer avec toi. Mais les hommes comme toi aiment les filles « sérieuses ». Vous vous amusez avec une fille avec laquelle vous n’avez aucune intention de faire du « sérieux » avec mais vous voulez qu’elle soit « sérieuse ». Elle doit avoir du respect pour vos amis sexistes et ennuyants. Vous voulez qu’elle soit toujours en train de sourire. Vous voulez qu’elle ait une douce voix. Vous ne voulez pas qu’elle vous contrarie du tout. Vous ne voulez pas qu’elle repousse vos avances. Vous voulez qu’elle vous fasse des « choses » ; les « choses » que vous ne précisez jamais. Etre une pute mais ne pas en faire trop sinon vous demandez, « Mais tu as appris tout ça où ? » Oh, et vous voulez qu’elle sache faire la cuisine. Oui, la cuisine est le baromètre avec lequel vous jugez une fille.
Tu sais, quand je dis que je t’ai vu venir, je t’ai vraiment vu venir hein. Et je savais que si je restais patiente, tu allais craquer. Les chambres d’hôtels ne sont pas moins chères et tu étais toujours sur le qui-vive, au cas où des personnes te connaissant te voyaient. Abidjan est grand mais Abidjan est petit et le monde dans lequel tu évolues est assez petit. C’est sur ça que je comptais : que tu craques et que tu n’aies d’autre choix que de me payer des cours dans un de ces salons de beauté chics du Plateau et que tu me prennes un studio à Angré. Et j’utilisai la même technique – une bonne dose de patience et quelques larmes bien placées là – pour te soutirer le salon. A partir de ce moment, le glas avait sonné sur notre relation. Une année pour faire fructifier mon salon et en faire l’endroit le plus prisé à Abidjan, et une autre année pour travailler sur la stratégie de sortie.
Hum, hum, pense et pense bien. Tu penses que je supportais tes propos blessants et tes sautes d’humeur et tes ébats nuls parce que l’amour était dans mes dents. Sois sérieux !
Je pars au Togo ce soir. J’ai eu un contrat pour faire le maquillage pour l’élection de Miss Togo. Je laisserai cette lettre avec ton vigile en partance pour l’aéroport. Oui, bien sûr que je sais où tu habites. Faut t’asseoir là seulement pour penser que tu étais la seule personne intelligente. Donc, voici ce que je suggère : ne fais rien de bizarre. Je ne veux pas revenir et ne pas être en mesure de rentrer dans mon studio. Tu veux arrêter de payer le loyer ? Vas-y. Que je ne revienne pas et trouve que mon salon a été vandalisé. Je t’indexerai.
Je sais que ce sera peine perdue si je partais à la police. Donc si quelque chose arrive, à moi ou à mon salon, ta femme saura à propos de nous. Tu sais combien vos femmes intellectuelles féministes connaissent leurs droits et peuvent aussi les faire valoir. C’est avec nous autres que vous pouvez tendre vos muscles. Bien sûr moi, je ne suis pas dans ce groupe des « nous autres ». Je connais la route qu’on prend pour aller à ces ONG de défense des droits des femmes et tu sais comment les gens qui travaillent dans ces ONG pensent que toutes les femmes Africaines sont impuissantes et sans défense contre le poids de la patriarcat. Hum.
Donc, chéri, de la même manière que tu m’as baisée et que tu n’as plus besoin de moi, c’est la même chose de mon côté. Après tout, c’est une personne qui n’a rien dans la tête qui a toujours besoin d’un pneu-secours bien après que le pneu ait fait ce qu’il devrait faire.
Translations:
In English as “Spare Wheel” by Edwige-Renée DRO
In Hausa as “Safaya-Taya” na Edwige Dro
Edwige-Renée DRO est une écrivaine Ivoirienne. En Décembre 2013, après plus d’une décennie passée en Angleterre, elle décide de retourner en Côte d’Ivoire parce qu’elle ne pouvait pas être à l’aise à l’étranger et prétendre qu’elle contribuait au développement de son pays.
Ses nouvelles ont été publiées sur des plateformes comme African Writers et dans des magazines littéraires comme Prufrock, prima, l’anthologie de la St Valentin de Ankara Press. Edwige est aussi la lauréate du projet Africa39, un projet qui a sélectionné les 39 meilleurs écrivains Africains en-dessous de l’âge de 40 du continent Africain, sud du Sahara.
Edwige est membre du jury du concours 2015 de PEN International Nouvelles Voix et a été sur la liste des candidats sélectionnés de la bourse d’écriture Miles Morland en 2014. Edwige est aussi traductrice et elle a traduit Les Cités Fantastiques (The Fantastic Cities), un livre-objet des poèmes et peintures de l’écrivaine Wêrêwêrê Liking.
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